La clause d’exclusion de la SAS prévue par la loi

La société par actions simplifiée – en abrégé SAS – est connue pour sa grande flexibilité : les statuts de SAS sont en grande partie librement rédigés. Ils peuvent prévoir des règles adaptées aux besoins spécifiques des associés. Il est notamment possible de prévoir dans les statuts d’une SAS une clause d’exclusion. Mais parfois, l’imagination des rédacteurs des statuts se heurte aux limites du droit des sociétés.

L’article L227-16 al. 1 du code de commerce prévoit ainsi que « dans les conditions qu’ils déterminent, les statuts peuvent prévoir qu’un associé peut être tenu de céder ses actions. ».

Toute erreur de rédaction des statuts pouvant conduire à la nullité de la règle énoncée, il est fortement recommandé de se tourner vers des avocats qui conseillent en droit des sociétés.

L’exclusion de l’associé de SAS prévue par les statuts

Il est indispensable de prévoir la possibilité et les modalités de l’exclusion dans les statuts. Une simple décision des associés votant l’exclusion de l’un des leurs sans clause statutaire n’est pas juridiquement valable. L’associé concerné pourra aisément la faire annuler en justice.

Rien n’interdit par contre dans la SAS qu’à côté de la clause d’exclusion prévue dans les statuts un pacte d’actionnaires prévoit des modalités supplémentaires qui organisent la procédure d’exclusion et ses conséquences.

Contenu de la clause statutaire d’exclusion

La clause d’exclusion doit prévoir :

  1. Les motifs d’exclusion
  2. La procédure à suivre
  3. Les moyens de défense prévus au profit de l’associé visé par l’exclusion
  4. Le mode de calcul du prix des actions (ou des parts sociales  dans d’autres formes de sociétés) à verser à l’associé exclu

Adoption ou modification d’une clause d’exclusion dans la SAS

Alors que l’ajout ou la modification en cours de vie de la SAS d’une clause d’exclusion d’associé a toujours supposé l’unanimité des associés, la règle a été changée avec la loi N° 2019-744 du 19 juillet 2019. Désormais, l’article L227-19 alinéa 2 du code de commerce prévoit que les clauses d’exclusion « ne peuvent être adoptées ou modifiées que par une décision prise collectivement par les associés dans les conditions et formes prévues par les statuts. ». Autrement dit, le vote à l’unanimité des associés n’est plus requis.

Un associé exclu d’une SAS et au coeur d’un litige en justice a considéré que son exclusion sans son vote pris en compte conduit à la violation de l’article 2 de la Constitution, qui fait de la propriété un droit naturel et imprescriptible de l’homme, quand l’article 17 précise que « la propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité. ».

Le Conseil Constitutionnel a été saisi d’une QPC et a indiqué dans sa décision du 9 décembre 2022  qu’une clause statutaire d’exclusion peut être adoptée ou modifiée sans recueillir l’unanimité des associés. Un associé peut de ce fait être exclu sur le fondement de cette clause qu’il n’a pas souhaitée.

L’atteinte au droit de propriété se justifie notamment par la nécessité de garantir la cohésion de l’actionnariat et assurer ainsi la poursuite de l’activité de la SAS. Les droits de l’associé minoritaire qui ne peut pas influencer l’adoption de la clause d’exclusion ne sont pas considérés comme prioritaires.

Motifs d’exclusion de l’associé de la société

Sous réserve :

  1. des nombreuses limitations que la jurisprudence a créées au fil du temps,
  2. de la pertinence des motifs selon la situation concrète de la société,
  3. des nuances qu’il faut intégrer dans la rédaction de la clause d’exclusion pour que cela soit valable,

l’exclusion de l’associé peut être motivée par exemple par :

  1. la perte d’un statut dans la société comme celui de dirigeant ou de salarié :
  2. le changement de contrôle sur le capital social et/ou les droits de vote d’une société associée
  3. la violation d’une clause de non concurrence,
  4. la violation d’une autre obligation essentielle de l’associé,
  5. la faute grave de l’associé, qui doit être minutieusement définie dans la clause.

Vote de la décision d’exclusion de l’associé de la SAS

Tous les associés, y compris l’associé dont l’exclusion est envisagée lors d’une décision collective des associés, votent. Si les statuts prévoient que l’associé concerné par l’exclusion n’a pas le droit de vote, alors cette décision est réputée non écrite.

Dans le cas où un événement précis comme la perte du statut de salarié emporte exclusion de l’associé, il participe certes au vote des associés mais de fait, son vote ne sert à rien et cela permet indirectement d’éviter le vote. La décision d’exclusion reste pour autant parfaitement valable.

Garanties à fournir à l’associé exclu de la SAS

Le Conseil Constitutionnel rappelle dans sa décision du 9 décembre 2022 que :

  1. la décision d’exclure un associé doit être encadrée : elle ne peut être prise qu’à la suite d’une procédure prévue par les statuts, reposer sur un motif, stipulé par ces statuts, conforme à l’intérêt social et à l’ordre public, et ne pas être abusive ;
  2. l’exclusion de l’associé donne lieu au rachat de ses actions à un prix de cession (il y a donc une contrepartie ;
  3. l’associé exclu doit avoir la possibilité de contester son exclusion, le motif de son exclusion et/ou le prix fixé pour ses actions devant le juge.

Respect des droits de la défense de l’associé dont l’exclusion est envisagée

L’associé doit être :

  1. Informé des motifs de l’exclusion avant la prise de décision par les associés de la SAS ;
  2. Convié à présenter ses observations soit avant, soit durant l’assemblée des associés qui doit prendre la décision d’exclusion.

Si l’associé dont l’exclusion est envisagée ne présente pas ses observations ou ne vient pas à l’assemblée des associés alors qu’il a été invité, alors il ne peut pas ensuite faire valoir que ses droit s à une défense ont été violés.

Effets de l’exclusion de l’associé de la SAS

Les statuts peuvent prévoir que dès le prononcé de la décision d’exclusion et jusqu’à la cession définitive des actions détenues par l’associé exclu, celui-ci voit son droit de vote suspendu.

Suite à l’exclusion de l’associé, il doit se voir racheter ses actions. Les statuts précisent les modalités de prix et qui rachète. A défaut de précisions dans les statuts de la SAS :

  1. Soit l’associé exclu et la SAS trouvent un accord amiable sur les modalités de sa sortie et le prix des actions;
  2. Soit le prix est fixé par un expert dans les conditions prévues à l’article 1843-4 du Code civil (art. L 227-18, al. 1 du Code de commerce) sur la base de la valeur de la SAS à la date la plus proche du rachat et non à la date de l’exclusion de l’associé.

Pour éviter un conflit de longue durée avec un associé qui vient d’être exclu, il est essentiel d’avoir une clause d’exclusion bâtie solidement et sur mesure.

Les réponses à vos questions sur les clauses d’exclusion d’un associé de SAS

Comment rédiger une clause d’exclusion ?

La clause d’exclusion de l’associé doit être rédigée avec précision. Elle doit au moins prévoir : qui décide de l’exclusion, le droit de vote de tous les associés pour décider, les motifs d’exclusion, la procédure d’exclusion dans la société, les droits de la défense de l’associé à exclure. La clause d’exclusion peut aussi prévoir le prix de rachat de ses actions.

Quelles sont les clauses d’exclusion ?

Les clauses d’exclusion sont prévues dans les statuts de la société et encadrées par la loi. Elles prévoient qu’un associé peut être exclu de la société et que ses actions ou parts sociales sont obligatoirement vendues. Il doit sortir de la société suite à son exclusion.

Quelles sont les causes d’exclusion d’un associé ?

Les causes d’exclusions sont librement prévues dans la clause des statuts mais doivent reposer sur un élément objectif. Les causes sont par exemple: la violation des statuts, d’une obligation de non-concurrence, le départ de l’associé en tant que dirigeant ou salarié. Mais il peut y avoir d’autres causes.

Comment exclure un associé d’une société ?

Les statuts doivent prévoir les modalités d’exclusion dans une clause. Il faut respecter la procédure prévue et informer l’associé à exclure avant de prendre la décision. Il doit avoir le temps d’exposer son point de vue. Après la prise de décision, l’associé doit céder ses parts sociales ou actions.

Acheter un fonds de commerce c’est acquérir un ensemble de biens corporels et incorporels regroupés dans l’objectif d’exploiter une activité.
L’acheteur ne reprend ni les dettes, ni les créances du cédant, sauf si l’acte de vente le prévoit expressément (décision de la chambre commerciale de la Cour de cassation du 7 juillet 2009, n°05-21322).

Eléments constituant la valeur du fonds de commerce

Les éléments incorporels
– la clientèle,
– les marchés en cours,
– le nom commercial et l’enseigne,
– le droit au bail,
– les brevets, marques, licences, autorisations administratives, etc.

Les éléments corporels
– les matériels et outillages,
– les véhicules,
– le mobilier et les agencements.

Le stock de marchandises neuves et des matières premières entrant dans la fabrication, les créances et la trésorerie n’entrent pas dans la valeur du fonds de commerce.
Le stock est évalué indépendamment et fait l’objet d’un règlement séparé car il est assujetti à la TVA et n’est pas soumis au paiement des droits d’enregistrement.

L’article L1224-1 du code du travail prévoit que les contrats de travail sont transférés avec le fonds vendu. Il est illégal de licencier des salariés avant ou juste après la vente du fonds de commerce.

Evaluation du fonds de commerce

Il existe plusieurs méthodes d’évaluation d’entreprise. Les plus courantes sont :

– l’évaluation en pourcentage du chiffre d’affaires annuel TTC ou HT. Il est possible pour cela de se référer à un barème d’évaluation par profession, le plus connu étant celui édité dans le mémento Francis Lefebvre Evaluation ;

– l’évaluation par référence à l’excédent brut d’exploitation (EBE) ou au résultat net des derniers exercices, méthodes basées sur un critère de rentabilité.

Avant d’évaluer une entreprise il est nécessaire de réaliser un diagnostic approfondi de l’activité, des éléments commerciaux, humains, financiers, techniques, juridique et contractuel ainsi que des investissements réalisés.

L’analyse des résultats du diagnostic d’entreprise met en évidence :
– les points forts, les points faibles et les points rédhibitoires du projet,
– ses potentialités,
– les nouveaux marchés et perspectives d’amélioration,

Le diagnostic permet ainsi de fonder l’évaluation de l’entreprise et l’argumentation qui sera utilisée lors de la négociation de la valeur de l’entreprise.
Ce diagnostic devra être conforté par un audit d’acquisition qui permet au repreneur de négocier certaines garanties et ainsi de se prémunir d’un éventuel risque de décote de la valeur de l’entreprise une fois rachetée.

Coût fiscal de la cession d’un fonds de commerce
Imposition immédiate des bénéfices.

Imposition au titre des plus-values professionnelles .
En savoir plus sur les cas d’exonération de plus-values professionnelles.
Formalités juridiques de l’acquisition d’un fonds de commerce
Location du local commercial
Si le fonds est exploité dans un local commercial loué, le cédant est tenu de signifier par huissier la cession. Si une clause du bail prévoit l’agrément de l’acheteur par le bailleur, il faut la respecter, sous peine d’inopposabilité de la cession au bailleur.

Activité de l’entreprise
Le vendeur est tenu de mettre à disposition du candidat acquéreur :

– les documents comptables se référant aux 3 années précédant la vente ou au temps de sa possession si celle-ci est inférieure à 3 ans,
– un document récapitulant le chiffre d’affaires mensuel réalisé entre la clôture du dernier exercice et le mois précédant l’opération de transmission de l’entreprise.

Les salariés doivent être obligatoirement informés du projet de cession du fonds de commerce au plus tard 2 mois avant la cession.

Acte de vente

Il doit comporter certaines mentions obligatoires :

– l’état des privilèges et nantissements grevant le fonds,
– les chiffres d’affaires et résultats des 3 dernières années,
– les conditions essentielles du bail commercial,
– le nom du précédent vendeur.

Publicité de la cession de l’entreprise

L’acquéreur doit publier un avis de l’acte de vente dans un journal d’annonces légales, ainsi qu’un avis au Bodacc.

Remarques et précautions à prendre dans le cadre d’un projet de reprise d’un fonds de commerce
Solidarité fiscale
L’acquéreur peut être tenu responsable du paiement de l’impôt dû par le cédant, solidairement avec lui, au titre des bénéfices réalisés pendant l’exercice de la cession, et parfois même de l’exercice précédent.
Cette solidarité est plafonnée au montant du prix de cession pour une durée limitée à 5 mois et demi (165 jours) à partir du jour de la déclaration de vente effectuée par le vendeur.

Mise sous séquestre
Compte tenu des recours éventuels des créanciers et de l’administration fiscale, il est vivement conseillé de verser le prix de la cession entre les mains d’un séquestre (notaire ou autres).

Distinction entre fonds de commerce et droit au bail
Ne pas confondre :
– la cession du fonds de commerce qui inclut le bail
– et la cession du bail commercial (indépendant du fonds) qui doit être autorisée par le propriétaire des murs.

Droit de préemption des communes
Les communes peuvent exercer un droit de préemption sur les cessions à titre onéreux de fonds de commerce, de fonds artisanaux ou de baux commerciaux intervenant dans un périmètre qu’elles ont délimité.
Lorsque ce droit de préemption est institué par la commune, toute cession intervenant dans le périmètre de sauvegarde du commerce et de l’artisanat de proximité doit préalablement faire l’objet d’une déclaration en mairie par le cédant.
Il convient donc de se renseigner préalablement sur l’existence d’un périmètre de sauvegarde au sein de la commune dans laquelle pourrait être situé le fonds à reprendre.

Contrats de travail en cours
Le repreneur à l’obligation de reprendre le personnel avec son ancienneté et ses avantages acquis.